Prudence

L’enfarineur de François Fillon est-il fiché S ?

L’hebdomadaire Valeurs actuelles a révélé le 7 avril que “la personne qui a enfariné François Fillon, à Strasbourg, jeudi 6 avril, faisait l’objet d’une fiche S pour des déplacements en Afghanistan. (…) Il en aurait fait au moins deux, pendant lesquels il aurait participé à des combats“. L’article, titré au présent en début de mâtinée – “EXCLUSIF: L’enfarineur de François Fillon est fiché S et revient d’Afghanistan“-, a récolté une centaine de partages sur Facebook en moins de deux heures. 

 

En fait, la personne qui a enfariné François Fillon à Strasbourg a fait l’objet d’une fiche S en 2012. Elle n’a pas été renouvelée quand elle est arrivée à échéance en 2015. Selon des sources concordantes contactées par LCI, partenaire de Crosscheck, le jeune homme – un certain Quentin âgé de 27 ans – s’est rendu en zone pakistano-afghane en 2012, ainsi qu’en Inde. Ce déplacement lui a valu d’être entendu de façon administrative à son retour sans “aucune détection de radicalisation“. Dans ce contexte, une fiche S a bien été émise à son sujet, par précaution.

Valeurs actuelles a finalement actualisé son titre :

Ici, un article du Monde pour savoir ce qu’est une fiche S.

 

 

Prudence

Le CSA a-t-il interdit la Marseillaise et le drapeau français dans les clips de l’actuelle campagne ?

Une polémique a circulé sur les réseaux sociaux selon laquelle le CSA a interdit l’hymne national et du drapeau français dans les clips de campagne des candidats. Elle a notamment été relayée par le vice-président du FN Florian Philippot. Or, cette interdiction est en fait en vigueur depuis 1988.

La polémique est née après la publication d’un article du journal L’Opinion. Le 4 avril, on pouvait y lire : “Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a interdit cette année l’utilisation des drapeaux dans les spots officiels des candidats à l’Élysée”. Le quotidien explique que “ce qui a surpris l’ensemble des équipes de campagne se situe dans l’article 9 : interdiction de faire apparaître tout emblème national ou européen”.

Pourtant, cette norme n’est pas nouvelle. Contacté par Crosscheck, le CSA précise que ces règles sont “connues en amont par les candidats” et qu’elles “courent depuis 1988”. L’organisme rappelle que l’interdiction concerne les hymnes, les drapeaux et les institutions françaises et européennes. Le but, selon le CSA, est de “protéger les symboles officiels et institutionnels de l’Etat, pour ne pas qu’ils soient utilisées à des fins électoralistes.”

Sylvie Pierre-Brossolette est membre du collège du CSA. (Capture d’écran)

 

L’article de L’Opinion mentionne l’existence de cette interdiction. Le journal explique que “si la consigne existait en fait lors des scrutins précédents, le régulateur avait choisi de jouer la carte de la mansuétude”. Le CSA a choisi d’être plus strict pour la campagne de 2017. Cela pour éviter, selon une source citée par l’Opinion, “que certaines campagnes ne misent sur un nationalisme délirant”. Cette même source rappelle qu’en 2012, Nicolas Sarkozy avait créé la polémique avec son clip de campagne. On pouvait y lire le mot “douane”, écrit en arabe.

Cet article fait suite à la question d’un internaute.

Caution

Misreported

Did the French Minister of Education sign an agreement allowing Arabic to be taught in primary schools?

Najat Vallaud-Belkacem, the French Minister of Education, was in Tunisia on March 31st, 2017. During her visit, the French weekly right-leaning newspaper Valeurs Actuelles reported that an agreement had been signed between Vallaud-Belkacem and her Tunisian counterpart for the teaching of Arabic in French primary schools. Note however that the agreement aims to update certain agreements regarding teaching, and it in no way imposes compulsory teaching of Arabic in primary schools.

The information originated from the Tunisian website Businessnews. Valeurs Actuelles briefly explains that “an agreement would have been signed between the two Education Ministers to teach Arabic in French primary schools.” This agreement has often been wrongly interpreted. In this instance numerous web users spoke up to protest against the compulsory teaching of Arabic at schools.

(Translation of title in Valeurs Actuelles’ article: ‘Najat V. Belkacem signs an agreement for the teaching of Arabic in primary school’)

In reality, the agreement concerns the updating of conventions regarding the teaching of foreign languages in primary school. Several agreements were signed between France and eight partner countries between 1973 and 1986. They aimed to establish the teaching of foreign languages at primary school to help migrant children retain links to their country of origin. In this framework of conventions, known as ELCO ( which stands for Teaching of Language from Culture of Origin), the teachers were recruited and paid by the partner countries.

Contacted by Crosscheck, the French Ministry of Education justified its wish to modernise these agreements: “ELCO was quickly criticised for several reasons: the teachers were reserved solely for immigrant children, the teachers were not part of the educational team, and sometimes the teaching of the language became a religious class.”

 

Source: French Ministry of Education

Najat Vallaud-Belkacem’s objective in 2016 was to transform ELCO into EILE (International Teaching of Foreign Languages). The aim is to give the option of learning foreign languages to all. The recruitment of teachers – in this case integrated into the educational teams – is done collectively with the foreign countries concerned. They remain however paid by their country of origin. Tunisia is the second country to sign an EILE agreement after Portugal. The aim is to abandon ELCO after 2018. The agreements with the countries that reject EILE will be discontinued.

This article arose in response to questions on this topic submitted to CrossCheck by several web users.

Douteux

Mal rapporté

Najat Vallaud-Belkacem a-t-elle signé un accord pour permettre l’enseignement de l’arabe en primaire ?

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, s’est rendue en Tunisie le 31 mars. L’hebdomadaire Valeurs Actuelles a rapporté qu’un accord avait été signé avec son homologue pour enseigner la langue arabe dans les écoles primaires françaises. Prudence : celui-ci vise à actualiser certains accords d’enseignement, et ne rend en aucun cas l’apprentissage de l’arabe obligatoire.

L’information provient à l’origine du site tunisien Businessnews. Valeurs Actuelles explique sommairement qu’un “accord aurait été signé entre les deux ministres de l’Éducation pour enseigner l’arabe dans les écoles primaires françaises“. Cet accord a souvent été interprété à tort. Plusieurs voix se sont élevées pour protester contre un enseignement de l’arabe obligatoire.

En réalité, la visite se concentrait sur l’actualisation de conventions sur l’enseignement des langues étrangères. Plusieurs accords ont été signés entre la France et huit pays partenaires entre 1973 et 1986. Ils visaient à mettre en place l’apprentissage des langues étrangères en primaire pour aider les enfants de migrants à maintenir des liens avec leurs pays d’origine. Dans le cadre de ces conventions dites “ELCO” (Enseignement de langue et de culture d’origine), les enseignants étaient recrutés et payés par les pays partenaires.

Joint par Crosscheck, le ministère de l’Éducation nationale a justifié sa volonté de moderniser ces accords : “Les ELCO ont été très vite décriés pour plusieurs raisons : les enseignements étaient réservés aux enfants des immigrés, les enseignants ne faisaient pas partie de l’équipe pédagogique et parfois, l’enseignement de la langue devenait un enseignement religieux.”

Source : Ministère de l’Education Nationale

L’objectif de Najat Vallaud-Belkacem a été, en 2016, de transformer ces ELCO en EILE (Enseignements internationaux de langues étrangères). Le but est d’ouvrir l’enseignement des langues étrangères à tous, de manière facultative. Le recrutement des enseignants – cette fois intégrés aux équipes pédagogiques – se fait conjointement avec les pays étrangers. Ils restent cependant payés par leur pays. La Tunisie est le deuxième pays à signer une convention EILE après le Portugal. Le but est d’abandonner les ELCO après 2018. Les accords avec les pays refusant les EILE seront rompus.

Cet article fait suite aux questions de plusieurs internautes sur ce sujet.