Faux

Manipulé

L’État va-t-il racheter des hôtels pour loger des migrants avec de l’argent européen ?

Lagauchematuer.fr, qui se revendique “média d’opinion de droite”, affirme à tort que l’État français va racheter des hôtels pour y loger des demandeurs d’asile grâce à un prêt de 100 millions d’euros de la banque européenne de développement social. Il mélange et déforme deux informations distinctes concernant la SNI, filiale de la Caisse des dépôts et consignations, le bras armé financier de l’Etat.

La première est tirée d’un article du Figaro intitulé “Accor vend 62 hôtels F1 pour le Samu social”. Le quotidien fait référence à la décision du groupe hôtelier de revendre 62 hôtels F1 à la SNI, pour le compte du Samu social, dans le cadre d’un grand plan de rénovation. Ces établissements étaient déjà utilisés périodiquement par le Samu social, mais la cohabitation entre personnes hébergées d’urgence et clients payants pouvait parfois poser problème. Les établissements se consacreront désormais seulement à l’hébergement d’urgence, qui s’adresse à toutes les personnes dans le besoin, sans aucune condition de régularité de séjour, de nationalité, d’âge, de sexe ou de situation familiale.

Le prêt de 100 millions d’euros de la banque européenne de développement social, organisme lié au Conseil de l’Europe, n’a rien à voir avec cette opération. Ces fonds ont été accordés en septembre 2015 à Adoma (ex-Sonacotra), filiale de la SNI spécialisée dans l’insertion par le logement des publics en difficulté (travailleurs précaires, bénéficiaires de minima sociaux, demandeurs d’asile, migrants…). L’argent visait notamment à renforcer ses “capacités d’accueil et d’hébergement pour les demandeurs d’asiles et les réfugiés“.

Faux

Mal attribué

Cette carte illustre-t-elle les heurts avec la police de ces dernières semaines ?

Depuis deux semaines, une carte présentée comme représentant “les affrontements entre les racailles et notre police” est devenue virale sur Facebook et Twitter. Elle a pourtant été créée en novembre 2005 et ne reflète en rien la réalité actuelle des tensions sociales en France. 

 

Des affrontements de Lens à Perpignan en passant par Lyon ou Marseille: cette fausse carte dénombre cinquante zones de tension entre forces de l’ordre et populations civiles. Une recherche internet permet de retrouver trace de cette image le 8 novembre 2005 dans un article du site “the ipinionsjournal” rendant compte d’une manière déformée des violences urbaines commises à cette époque en France.

Une recherche approfondie avec l’outil Wayback Machine permet de retrouver cette infographie dans un article du quotidien britannique Daily Telegraph du 8 novembre 2005 sur les violences urbaines en France

Cette carte ne correspond toutefois pas à la réalité des affrontements en 2005 : ces derniers sont correctement retracés dans une infographie du Parisien datée de 2015.

 

Cette fausse carte est aujourd’hui partagée par des partisans de Donald Trump aux Etats Unis pour soutenir l’hypothèse des “no go zones” (des prétendues zones de non-droit interdites aux non-musulmans) mais fleurit également sur diverses pages d’extrême droite, sur Facebook et Twitter.

https://twitter.com/zlando/status/833538404801531904

Faux

Satire

Henry de Lesquen est-il un personnage créé de toutes pièces ?

Henry de Lesquen, le candidat d’extrême-droite à la présidentielle, n’est pas un personnage créé de toutes pièces. Une vidéo parodique publiée lundi 6 mars a pourtant été prise au 1er degré par de nombreux internautes.

“Au risque de vous décevoir, Henry s’appelle Didier, c’est un prof de théâtre à la retraite, il est adorable dans la vraie vie et il vote Mélenchon”, affirme la voix-off de la vidéo, un supposé “membre du collectif qui se cache derrière cette supercherie”. 

Bien évidemment, cette théorie est fantaisiste : le collectif d’artistes nantais présenté dans la vidéo n’est autre que le groupe de musique canadien Walk Off The Earth. Par ailleurs, il est aisé de démontrer la véracité de l’existence du candidat à la présidentielle – en recherchant son nom dans l’annuaire des anciens de Polytechnique, par exemple.

Interrogé par Crosscheck, Babor Lelefan, l’auteur de cette vidéo, affirme l’avoir réalisée sans intentions politiques. “Je suivais le personnage depuis un moment, et j’aime bien faire croire que les trucs faux sont vrais. Cela dit, les propos d’Henry de Lesquen sont tellement exagérés qu’on pourrait presque croire à cette vidéo”. 

Henry de Lesquen a démenti cette information sur Facebook et sur Twitter, où il dispose d’un compte certifié. Contacté, il n’a pas souhaité répondre à Crosscheck.

Faux

Fabriqué

L’AFP fait-elle mention de François Asselineau dans la liste des principaux candidats à la présidentielle ?

Les partisans de François Asselineau (UPR) ont relayé sur Twitter une infographie de l’AFP, présentant leur candidat parmi les principaux en lice pour la présidentielle. Or, son nom a été ajouté à l’infographie originale après un montage.

Un tweet posté par le compte d’un sympathisant de l’Union populaire républicaine (UPR) remercie l’AFP d’avoir intégré Asselineau aux principaux candidats à l’élection présidentielle de 2017. Le tweet en question, qui reprend un tweet de l’AFP illustré d’une infographie des principaux candidats déclarés à l’Elysée, a été relayé parmi les soutiens de l’UPR. Sur l’infographie, on peut voir François Asselineau faire partie des douze principaux candidats. Le tweet AFP mentionné est bien un tweet de l’AFP, mais l’infographie a été modifiée: elle détourne une infographie originale listant onze candidats, pour ajouter le candidat UPR.

Capture d’écran du tweet (http://archive.is/otP1Z)

 

Infographie originale (AFP)

 

La qualité de l’ajout est sensiblement différente du reste: la photo de François Asselineau est plus nette que celle des autres candidats. L’image elle-même semble être une capture d’écran basse résolution de l’infographie originale. La police de caractère est également différente de celle utilisée pour les autres candidats.

Contactée par Crosscheck, l’AFP a par ailleurs précisé: “un watermark AFP (que l’on peut voir dans le tweet détourné) est ajouté en interne lorsque nous postons une infographie sur les réseaux sociaux. Ce qui indique que le détournement a été fait via une infographie AFP prise sur les réseaux.”

L’Agence France-Presse a fait parvenir à Crosscheck l’infographie originale. Celle-ci a été utilisée par plusieurs médias, comme Challenges. François Asselineau n’y apparaissait pas.