Prudence

Un homme peut-il marcher en France avec un drapeau de l’EI sans être inquiété?

“Un islamiste marche dans une rue française avec le drapeau de l’Etat islamique. Tout le monde s’en fout”. Le tweet en anglais, agrémenté d’une photo, interpelle. Surtout qu’il a été posté vendredi 21 avril, au lendemain de l’attentat des Champs-Elysées, et retweeté près de 11.000 fois. Mais l’auteur du tweet, le blogueur britannique Paul Joseph Watson, féru de théories du complot, omet de préciser que cette photo est bien antérieure à cette attaque, qui a coûté la vie à un policier, et que plusieurs personnes ont déjà été condamnées après avoir arboré ce drapeau.

En accédant à l’original de la photo et à ses métadonnées, CrossCheck peut assurer que la photo a en fait été prise le 23 juillet 2014 lors d’une manifestation autorisée contre l’opération israélienne “Bordure protectrice” à Gaza. Ce cliché a été envoyé à CrossCheck le 2 mai 2017 par l’internaute qui l’avait mise en ligne en novembre 2015 et en avait envoyé une autre version, un mois plus tôt, avec un plan plus large qui permet d’identifier les lieux.

Photo originale prise le 23 juillet 2014 à 19h48, selon les métadonnées de l’appareil

  

Captures d’écran des deux versions de la photo mises en ligne en 2015 par l’auteur du cliché

Les métadonnées de la photo confirment qu’elle a été prise le 23 juillet à 19h48, soit dans le créneau horaire prévu de la manifestation (18h30 – 20h00) dont le parcours passait devant le 19 Boulevard du Montparnasse à Paris, où se trouve le bar identifiable sur cette image. En outre, les précisions techniques apportées par l’internaute corroborent les conclusions de l’investigation visuelle de CrossCheck.

Le jour de cette manifestation, des observateurs s’étaient d’ailleurs interrogés sur certains drapeaux brandis par des manifestants, parfois confondus à tort avec celui du Front al-Nosra qui est cependant une déclinaison très proche de celui de la profession de foi musulmane.

Le drapeau de l’organisation Etat islamique (ou Daech) était encore méconnu, moins d’un mois seulement après la déclaration du califat par l’EI.

En revanche, depuis les attentats de janvier 2015, commis par les frères Kouachi se réclamant d’Al-Qaïda et Amédy Coulibaly de l’EI, plusieurs personnes ont été condamnées en France pour apologie du terrorisme pour avoir accroché la bannière de l’organisation à leur fenêtre ou avoir vendu des drapeaux de l’EI.

Cet article publié le 27 avril 2017 a été actualisé le 4 mai 2017.

Faux

Trompeur

Macron veut-il faire rentrer la Turquie dans l’Union Européenne ?

Dans un post paru mardi 25 avril, la page Facebook On aime la France affirme qu’Emmanuel Macron souhaite faire rentrer la Turquie au sein de l’Union Européenne. Le candidat d’En Marche n’a pourtant jamais soutenu une telle mesure. 

“Avec Macron, voilà un nouveau pays dans l’Europe ! Je dis non !” affirme la page “On aime la France” sur une carte représentant la Turquie. L’adhésion de la Turquie à l’Europe n’est pourtant pas une mesure prévue par le candidat d’En Marche.

Dans une interview accordée le 17 avril 2017 à BFMTV, Emmanuel Macron a affirmé qu’il n’y aurait “pas d’avancée” dans les discussions d’intégration de la Turquie à l’Union Européenne s’il parvenait à l’Elysée.

Avec un régime qui prend ces décisions là, il n’y aura aucune avancée de l’adhésion à l’Union européenne” dans les prochaines années, a affirmé le candidat d’En Marche!, au lendemain de la victoire du président turc Recep Tayyip Erdogan au référendum sur le renforcement de ses pouvoirs. Il a “regretté profondément” et “désapprouvé” le chemin pris par la Turquie du président Erdogan.

Dans cette même interview, Emmanuel Macron a aussi souligné qu’il y a “plusieurs centaines de milliers, voire millions de voix, qui sont contestées dans le cadre de ce scrutin qui s’est joué à très peu“, et que pour cette raison “il faut tout faire pour aider, soutenir les démocrates qui se battent“. “Mon souhait, c’est qu’on puisse continuer à avoir une Union européenne, une France qui laisse la porte ouverte aux démocrates de la Turquie”, a poursuivi le candidat à la présidence de la République.

Faux

Mal rapporté

François Hollande est-il allé voter à Tulle en jet privé ?

Ce dimanche 23 avril, le site La Gauche m’a tuer a partagé sur sa page Facebook un article affirmant que François Hollande avait utilisé un jet privé pour aller voter à Tulle pour le 1er tour de l’élection présidentielle. Pourtant, le chef de l’Etat n’a pas voyagé à bord d’un jet privé, mais du Falcon présidentiel, a indiqué le correspondant à l’Elysée de l’AFP, média partenaire de CrossCheck. 

“Hollande part voter à Tulle en jet privé : coût de l’opération 30000€ payés par les français”, affirme la page Facebook La Gauche m’a tuer, avant d’inviter à relayer massivement l’information. Elle ne précise cependant pas que l’article auquel elle renvoie date du 7 décembre 2015, au lendemain du premier tour des élections régionales organisé en pleine conférence internationale sur le climat à Paris. Le post Facebook publié dimanche après-midi, en plein premier tour de la présidentielle, a été partagé plus de 14.000 fois en 24 heures.

Le journaliste de l’AFP, présent à Tulle ce dimanche, confirme que François Hollande est arrivé et reparti de Corrèze en avion pour participer au scrutin. Mais il précise qu’il a voyagé à bord du Falcon présidentiel et non d’un jet privé.

L’usage de cet avion à ces fins avait cependant déjà suscité des critiques, lors des municipales de mars 2014. Le coût de l’aller-retour était toutefois inférieur au chiffre avancé par La Gauche m’a tuer selon une estimation Le Parisien, qui avait évoqué un montant de 9.200 euros de source élyséenne. Au scrutin suivant, les européennes de mai 2014, le chef de l’Etat s’était épargné une polémique en allant à Tulle en voiture.

La préfecture de la Corrèze est distante de plus de cinq heures en train de Paris – et le trajet est à peu près aussi long en voiture.

Faux

Mal rapporté

L’Etat a-t-il privé les bureaux de vote de l’étranger des affiches de Marine Le Pen ?

Ce dimanche 23 avril, plusieurs pages Facebook et comptes Twitter affirment que l’absence d’affiches de Marine Le Pen dans les bureaux de vote situés à l’étranger résulte d’une volonté de l’Etat. Cette absence s’explique pourtant par le fait que les affiches n’ont pas été fournies dans les délais légaux par le Front National lui-même.

https://twitter.com/samyfaridi/status/855891465532321793

Un véritable scandale d’État tous les Français de l’étranger qui doivent voter ce samedi ont aucune affiche de la candidate Marine Le Pen du Front National, cela m’étonnerait que la candidate n’est pas envoyé ces affiches tout ça ne  ne peut venir que de l’État, vive la magouille“, affirme le site des Patriotes de France.

Sur Twitter, de nombreux électeurs se sont étonnés de l’absence d’affiches de la candidate du Front National. Les sites Fdesouche et Dreuz ont également relayé l’information.

L’absence d’affiches de Marine Le Pen dans les bureaux de vote à l’étranger ne résulte pourtant que d’un oubli de la part du Front National, qui ne les a pas fournies dans les délais légaux. “Les affiches sont imprimées par les candidats eux-mêmes et il leur revient de les déposer auprès de la commission électorale avant la date limite, le lundi 10 avril“, a expliqué à l’AFP le ministère des Affaires étrangères, en ajoutant que “l’affiche de la candidate Marine Le Pen n’ayant pas été fournie, le panneau correspondant restera donc vide“.