Prudence

Le rappeur Fianso a-t-il bloqué une autoroute sans être inquiété?

Le rappeur Fianso a bloqué une autoroute sans autorisation près de Paris pour tourner un clip la semaine dernière. Le site Boulevard Voltaire, cofondé par le maire de Béziers Robert Ménard, s’en émeut dans un article publié le 10 avril et dénonce l’impunité dont le rappeur aurait bénéficié. Pourtant, une enquête a bien été ouverte pour entrave à la circulation.

Les images ont beaucoup tourné sur internet. Le 6 avril, le rappeur Fianso, originaire de Seine-Saint-Denis, a bloqué l’autoroute A3 vers Aulnay-sous-Bois, au nord-est de Paris, afin de tourner un clip, diffusé dès le lendemain sur youtube, où il a été vu plus de 4 millions de fois en moins d’une semaine. Le blocage n’a duré que quelques minutes mais il n’était pas autorisé par la préfecture. Dans son article, Boulevard Voltaire assure que le rappeur n’a pas été poursuivi et affirme que “si vous êtes rappeur, « issu de la diversité », vous pouvez mépriser la police, mettre la vie des automobilistes en danger sans être inquiété.”

Mais comme l’indiquent Le Parisien et Libération, une enquête est bien en cours pour “entrave à la circulation” et “usage de fausses plaques d’immatriculation“. Confiée à la CRS autoroutière Nord Île-de-France, elle a été ouverte le 8 avril, soit deux jours après les faits comme le note Le Parisien. Cette information a été confirmée à CrossCheck par une source au parquet de Bobigny.

 

Prudence

L’enfarineur de François Fillon est-il fiché S ?

L’hebdomadaire Valeurs actuelles a révélé le 7 avril que “la personne qui a enfariné François Fillon, à Strasbourg, jeudi 6 avril, faisait l’objet d’une fiche S pour des déplacements en Afghanistan. (…) Il en aurait fait au moins deux, pendant lesquels il aurait participé à des combats“. L’article, titré au présent en début de mâtinée – “EXCLUSIF: L’enfarineur de François Fillon est fiché S et revient d’Afghanistan“-, a récolté une centaine de partages sur Facebook en moins de deux heures. 

 

En fait, la personne qui a enfariné François Fillon à Strasbourg a fait l’objet d’une fiche S en 2012. Elle n’a pas été renouvelée quand elle est arrivée à échéance en 2015. Selon des sources concordantes contactées par LCI, partenaire de Crosscheck, le jeune homme – un certain Quentin âgé de 27 ans – s’est rendu en zone pakistano-afghane en 2012, ainsi qu’en Inde. Ce déplacement lui a valu d’être entendu de façon administrative à son retour sans “aucune détection de radicalisation“. Dans ce contexte, une fiche S a bien été émise à son sujet, par précaution.

Valeurs actuelles a finalement actualisé son titre :

Ici, un article du Monde pour savoir ce qu’est une fiche S.

 

 

Prudence

Le CSA a-t-il interdit la Marseillaise et le drapeau français dans les clips de l’actuelle campagne ?

Une polémique a circulé sur les réseaux sociaux selon laquelle le CSA a interdit l’hymne national et du drapeau français dans les clips de campagne des candidats. Elle a notamment été relayée par le vice-président du FN Florian Philippot. Or, cette interdiction est en fait en vigueur depuis 1988.

La polémique est née après la publication d’un article du journal L’Opinion. Le 4 avril, on pouvait y lire : “Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel a interdit cette année l’utilisation des drapeaux dans les spots officiels des candidats à l’Élysée”. Le quotidien explique que “ce qui a surpris l’ensemble des équipes de campagne se situe dans l’article 9 : interdiction de faire apparaître tout emblème national ou européen”.

Pourtant, cette norme n’est pas nouvelle. Contacté par Crosscheck, le CSA précise que ces règles sont “connues en amont par les candidats” et qu’elles “courent depuis 1988”. L’organisme rappelle que l’interdiction concerne les hymnes, les drapeaux et les institutions françaises et européennes. Le but, selon le CSA, est de “protéger les symboles officiels et institutionnels de l’Etat, pour ne pas qu’ils soient utilisées à des fins électoralistes.”

Sylvie Pierre-Brossolette est membre du collège du CSA. (Capture d’écran)

 

L’article de L’Opinion mentionne l’existence de cette interdiction. Le journal explique que “si la consigne existait en fait lors des scrutins précédents, le régulateur avait choisi de jouer la carte de la mansuétude”. Le CSA a choisi d’être plus strict pour la campagne de 2017. Cela pour éviter, selon une source citée par l’Opinion, “que certaines campagnes ne misent sur un nationalisme délirant”. Cette même source rappelle qu’en 2012, Nicolas Sarkozy avait créé la polémique avec son clip de campagne. On pouvait y lire le mot “douane”, écrit en arabe.

Cet article fait suite à la question d’un internaute.

Douteux

Mal rapporté

Najat Vallaud-Belkacem a-t-elle signé un accord pour permettre l’enseignement de l’arabe en primaire ?

Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Éducation nationale, s’est rendue en Tunisie le 31 mars. L’hebdomadaire Valeurs Actuelles a rapporté qu’un accord avait été signé avec son homologue pour enseigner la langue arabe dans les écoles primaires françaises. Prudence : celui-ci vise à actualiser certains accords d’enseignement, et ne rend en aucun cas l’apprentissage de l’arabe obligatoire.

L’information provient à l’origine du site tunisien Businessnews. Valeurs Actuelles explique sommairement qu’un “accord aurait été signé entre les deux ministres de l’Éducation pour enseigner l’arabe dans les écoles primaires françaises“. Cet accord a souvent été interprété à tort. Plusieurs voix se sont élevées pour protester contre un enseignement de l’arabe obligatoire.

En réalité, la visite se concentrait sur l’actualisation de conventions sur l’enseignement des langues étrangères. Plusieurs accords ont été signés entre la France et huit pays partenaires entre 1973 et 1986. Ils visaient à mettre en place l’apprentissage des langues étrangères en primaire pour aider les enfants de migrants à maintenir des liens avec leurs pays d’origine. Dans le cadre de ces conventions dites “ELCO” (Enseignement de langue et de culture d’origine), les enseignants étaient recrutés et payés par les pays partenaires.

Joint par Crosscheck, le ministère de l’Éducation nationale a justifié sa volonté de moderniser ces accords : “Les ELCO ont été très vite décriés pour plusieurs raisons : les enseignements étaient réservés aux enfants des immigrés, les enseignants ne faisaient pas partie de l’équipe pédagogique et parfois, l’enseignement de la langue devenait un enseignement religieux.”

Source : Ministère de l’Education Nationale

L’objectif de Najat Vallaud-Belkacem a été, en 2016, de transformer ces ELCO en EILE (Enseignements internationaux de langues étrangères). Le but est d’ouvrir l’enseignement des langues étrangères à tous, de manière facultative. Le recrutement des enseignants – cette fois intégrés aux équipes pédagogiques – se fait conjointement avec les pays étrangers. Ils restent cependant payés par leur pays. La Tunisie est le deuxième pays à signer une convention EILE après le Portugal. Le but est d’abandonner les ELCO après 2018. Les accords avec les pays refusant les EILE seront rompus.

Cet article fait suite aux questions de plusieurs internautes sur ce sujet.