Faux

Trompeur

La mairie de Paris va-t-elle remplacer le phare breton du XVe par des logements pour migrants?

Un post sur Facebook de La gauche m’a tuer accuse la mairie de Paris d’avoir décidé de démolir un phare pour construire à sa place des studios pour migrants. Le phare, construit dans les années 90 et situé rue Castagnary dans le XVe arrondissement, a été démoli début février. Il doit être remplacé par “une résidence sociale de 251 studios pour étudiants, jeunes travailleurs et travailleurs migrants“, selon un article du Parisien cité par La gauche m’a tuer. Trompeusement titré “La mairie de Paris décide de démolir son phare breton pour construire des studios pour migrants!”,  ce post a été partagé 2700 fois sur Facebook.

 

Contacté par Crosscheck, le chargé du logement à la mairie de Paris Ian Brossat explique que cette résidence ne sera pas réservée aux migrants: “C’est une résidence mixte. Résidence sociale mais aussi des logements dédiés aux étudiants. En aucun cas il ne s’agit d’un centre pour réfugiés“.

La répartition des studios a été détaillée pour Crosscheck par François-Marie Retourné, responsable communication de Paris Habitat, le bailleur chargé de la future résidence. Un total de 244 studios vont être construits: 101 studios pour étudiants confiés au Centre régional des œuvres universitaires et scolaires (CROUS); 98 studios pour jeunes précaires, gérés par l’agence d’insertion professionnelle Adoma; enfin, 45 studios pour reloger des travailleurs migrants hébergés dans des foyers en cours de réhabilitation et ayant par conséquent perdu leur logement.

L’agence Adoma a précisé à Crosscheck qu’ “il ne s’agit pas de migrants fraîchement arrivés mais de travailleurs migrants en situation régulière déjà logés par la mairie de Paris. Il s’agit souvent de personnes travaillant dans les secteurs du ménage, du ramassage des déchets, du tri sélectif“.

Le phare a hébergé la poissonnerie Samouraïs des mers de 2001 jusqu’à sa fermeture en 2012. Depuis, il abritait les anciennes cuves de mazout d’une chaufferie urbaine passée au gaz.

Cet article fait suite à la question d’un internaute.

 

Faux

Manipulé

Emmanuel Macron accusé de vouloir instaurer la charia à Mayotte

Dans un article publié le 30 mars, le site Résistance républicaine affirme à tort qu’Emmanuel Macron “veut rétablir la charia à Mayotte“, en extrapolant à partir de propos d’un des soutiens locaux du candidat d’En Marche qui n’est pas son représentant officiel sur place. Ce site, qui revendique lutter contre les “progrès de l’islamisation, du modèle anglo-saxon et du libéralisme“, accuse l’ancien ministre de l’Economie de vouloir instaurer “polygamie, répudiation des femmes, délit de blasphème” dans le 101e département français, situé dans l’océan Indien et à 95% musulman.

“C’est notre honneur en 2005 d’avoir obtenu l’abrogation de la polygamie et de la répudiation unilatérale“, a pourtant souligné Emmanuel Macron le 26 mars lors d’une courte visite dans l’île.

Résistance républicaine s’appuie sur des propos de Mohamadi Bacar Mcolon, présenté comme “l’un de ses directeurs de campagne” à Mayotte, mais qui n’est pas un représentant officiel d’En Marche dans le département.

Sur Mayotte Première, Mohamadi Bacar Mcolon affirme qu’Emmanuel Macron souhaite rendre “leurs pouvoirs” aux cadis, “pilier de la cohésion sociale à Mayotte”, sans plus de précisions, mais le candidat n’a jamais évoqué la situation de ces autorités religieuses musulmanes lors de sa visite, selon trois journalistes présents sur place contactés par CrossCheck.

Les cadis remplissaient notamment le rôle de juges de paix avant de voir leurs pouvoirs réduits depuis la signature de l’accord sur l’avenir de Mayotte de 2000 ouvrant la voie à la départementalisation de 2011, en raison notamment du rejet “par une partie de la population” de “certains principes du droit coutumier (répudiation, polygamie, double part successorale des hommes…)”, selon un rapport du Sénat de 2008-2009.

Depuis l’an dernier, les cadis remplissent de nouveau une mission plus limitée de médiation sociale, sous l’égide du conseil départemental.

Contactée par une journaliste du projet Crosscheck, l’équipe de campagne d’Emmanuel Macron a précisé sa position: “Il y a des réalités locales dans certains territoires que nous ne pouvons pas nier, les cadis de Mayotte en font partie, néanmoins l’engagement d’Emmanuel Macron c’est que les lois de la République s’appliquent à toutes et tous, que toutes que les infractions aux lois de la République soient sanctionnées, et que la laïcité s’impose à tous.” 

Faux

Fabriqué

Les tombes juives du cimetière de Pantin ont-elles été profanées ?

Dans la nuit du 23 au 24 mars, treize tombes du carré juif du cimetière de Pantin ont été endommagées. Des rumeurs de vandalisme, voire de profanation, ont fleuri sur les réseaux sociaux, mais il s’agissait d’un accident: un camion a percuté les dalles en voulant éviter une voiture.

Le 24 mars, le site Europe Israël affirmait pourtant que “des dizaines de tombes ont été détruites et/ou vandalisées”. Deux jours plus tard, le même média assurait recevoir de nombreuses photos et vidéos d’internautes. “Tous arrivent à la même conclusion: la thèse de l’accident est peu crédible”, rapportait-il dans un nouvel article. 

Le conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dénoncé dans un éditorial, publié le 27 mars, l’affolement des réseaux sociaux. “Un simple fait divers, qui s’est produit lundi dernier et qui avait été traité comme tel toute la semaine, s’est transformé en délire digital pendant le week-end”, a regretté son président, Francis Kalifat. “Si les auteurs de ces rumeurs s’étaient renseignés auprès des personnes autorisées, ils n’auraient pas excité les réseaux pour rien.” 

L’enquête de police a confirmé la responsabilité du particulier et permis de déterminer que le camion était en excès de vitesse, a préciseé la mairie de Paris, qui administre le cimetière, dans un communiqué de presse daté du 26 mars. La municipalité s’est engagée à restaurer les tombes dans les meilleurs délais.

Matthieu Lamarre, conseiller presse de la maire de Paris, Anne Hidalgo, a quant à lui publié sur son compte Twitter deux photos du camion accidenté, prises par le services des cimetières.

Le camion est resté plus de deux jours au milieu des stèles, il a fallu faire venir une grue pour le retirer“, a-t-il précisé à une journaliste participant au projet CrossCheck.

Faux

Mal rapporté

Jean-Luc Mélenchon accusé d’avoir fait l’apologie du FN en 1991

Jean-Luc Mélenchon, pourfendeur du Front national, est accusé à tort d’avoir fait l’apologie du FN par le passé, à partir d’une photocopie incomplète d’une interview au Quotidien de Paris datée du 25 décembre 1991. “Le seul parti qui réhabilite la politique, c’est le Front national“, titrait le journal, mais la citation est tronquée et n’a rien d’un éloge du parti de Marine Le Pen, contrairement à ce qu’affirment des commentaires du post de la page Facebook “On aime la France”, partagé 15.000 fois en moins de 24 heures.

 

Dans cette interview, introuvable dans sa version originale sur Internet, Jean-Luc Mélenchon, qui était membre du Parti socialiste en 1991, fustigeait surtout l’absence de proposition du PS alors au pouvoir. “Le PS a abandonné la politique. Je vais vous dire quelque chose d’affreux : aujourd’hui, le parti qui réhabilite la politique, c’est le Front national“, dit-il selon un extrait de cet entretien publié le lendemain (26 décembre 1991) par Le Monde.

Interrogé en 2011 sur Direct 8 par Valérie Trierweiler, Jean-Luc Mélenchon rappelle d’abord “avoir beaucoup lutté pour faire interdire le Front national”.

Il précise ensuite le sens de ses propos de 1991: “Ça voulait dire que les militants et les dirigeants du Front national croient que la politique peut changer le cours des événements et je le crois aussi. Et puis il y d’autres gens qui croient que non, que de toute façon il n’y a qu’une seule possibilité, qu’un seul ordre du monde possible», dit-il autour de la 15e minute de cette vidéo.

Marine Le Pen a également présenté cette interview de 1991 à Jean-Luc Mélenchon sur France 3 le 2 juin 2012 (11e minute de la vidéo), alors qu’ils s’affrontaient pour la députation à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). “Cet article, vous ne l’avez pas trouvé toute seule“, lui a répondu Jean-Luc Mélenchon, avant de réitérer les explications fournies à Valérie Trierweiler quelques mois plus tôt.